N° 38 – Juin 2015

Vol. XX, n° 38

Juin 2015

 

SOMMAIRE

Jean-Baptiste Malenge

Editorial

Mission, géographie et inculturation……………………..7

Paul Serufuri

Les missions chrétiennes au Congo/RDC (1885-1960). De la géographie à la révolution des mentalités……………. 9

Jean-Marie Ribaucourt

Actions de développement et Oblats du Congo de 1960 à 1993. Témoignage d’un missionnaire…………………..51

Giuseppe Leonardi

Liste des Mani Kongo au temps des fondateurs et de la congrégation des Ecoles de charité-Institut Cavanis……61

Didier Mupaya

L’enracinement culturel des charismes de la vie religieuse. L’œuvre du Cardinal Malula dans le sillage du concile Vatican II……………………………………………….87

Flavien Muzumanga

Notes marginales sur deux paradigmes théologiques du Cardinal J. A. Malula : responsabilité et espérance……103

Claude Nsal’Onanongo

La famille : lieu d’engagement politique en Afrique. La constitution des sujets éthiques comme « diaconie politique»………………………………………………127

Damian Ilodigwe

Preaching and the dialectic of in-reach and out-reach…145

 Notes de lecture

Gabriel Kinze

Abel NSOLO, Notre Mère. Marie Immaculée dans la vie et les écrits de saint Eugène de Mazenod………………155

Vient de paraître

NGUNDU Mick, La pauvreté religieuse et la question africaine, Deuxième édition, Préface de Benoît Kabongo, Editions Otung et Baobab, Kinshasa, 2015, 221 p.

 

 

Editorial

Mission, géographie et inculturation

Jean-Baptiste Malenge

jbmalenge@gmail.com

 

L’inculturation d’un charisme religieux est bien un fruit mûr d’une œuvre missionnaire réussie. La vie et l’œuvre du cardinal Joseph-Albert Malula, ancien archevêque de Kinshasa, présente des éléments significatifs de l’enracinement de l’évangile. Le présent numéro de la Revue Africaine des Sciences de la Mission souligne par un tel biais la naissance et le déploiement du charisme de l’institut religieux fondé par Joseph Malula et qui s’est profilé en exemple à plusieurs tentatives du même désir de vivre une intuition majeure du concile Vatican II.

Le cardinal Malula a aussi inspiré des théologiens qui doivent lire le concile Vatican II comme un aiguillon de la recherche scientifique qui aide à mieux pratiquer la foi chrétienne. On épingle le sens de la responsabilité et la vertu de l’espérance, deux paradigmes de la vie de Malula susceptibles d’influer sur la pensée théologique.

Engagé sur l’itinéraire de l’enracinement culturel, on se rendra surtout compte que l’histoire n’est pas le seul repère de la réalisation et de l’évaluation de l’activité missionnaire. L’engagement de l’Eglise s’est distribué à travers l’espace. Les populations mesurent facilement la « quantité » du « développement » apporté par la mission.

Dans les études, la géographie de l’implantation missionnaire n’a pas toujours attiré l’attention nécessaire. L’attention appropriée portée au point de vue géographique peut jeter un nouvel éclairage sur les sciences de la mission. Souligner le lien entre l’histoire et la géographie aidera certainement à mieux comprendre le changement des mentalités survenu ou pas dans une ère d’évangélisation.

Les nouveaux aréopages de la mission, très souvent indiqués comme des domaines d’activité, méritent aussi d’être relevés comme des espaces géographiques aux climats et reliefs divers. Si la pastorale de la famille, par exemple, s’est avérée comme un lieu pour la diaconie politique, et si l’activité politique elle-même s’impose comme lieu incontournable de la pastorale et de la pensée de l’Eglise, des questions nouvelles ne cessent d’émerger qui demandent de nouvelles approches.

Le changement des mentalités, autre nom de la conversion, est le point de mire de l’activité missionnaire. C’est une fausse humilité que d’attendre le maître de la moisson pour venir constater le résultat à la fin insondable des temps. L’heure est bien propice pour une évaluation légitime. Une programmation de l’engagement de l’Eglise se justifie ainsi bien à propos. On peut considérer ne serait-ce que les statistiques. Le nombre des baptisés, des prêtres et consacrés autorise aussi la création ou le démembrement des diocèses et des paroisses voire la nomination des pasteurs.

Mais le temps de la mission, combinée à l’aune de la géographie, peut faire poser bien d’autres questions. Comment comprendre, par exemple, les cas de plus en plus fréquents, dans certaines régions, où des populations demandent à se séparer de congrégations religieuses voire de prêtres qui ont duré mais qui, aux yeux de ces populations, n’auront pas été « utiles » pour n’avoir pas apporté le « développement » ?