N° 38 – Juin 2015

Vol. XX, n° 38
Juin 2015
SOMMAIRE
Jean-Baptiste Malenge
Mission, géographie et inculturation……………………..7
Paul Serufuri
Jean-Marie Ribaucourt
Actions de développement et Oblats du Congo de 1960 à 1993. Témoignage d’un missionnaire…………………..51
Giuseppe Leonardi
Didier Mupaya
Flavien Muzumanga
Claude Nsal’Onanongo
Damian Ilodigwe
Preaching and the dialectic of in-reach and out-reach…145
Notes de lecture
Gabriel Kinze
Abel NSOLO, Notre Mère. Marie Immaculée dans la vie et les écrits de saint Eugène de Mazenod………………155
Vient de paraître
NGUNDU Mick, La pauvreté religieuse et la question africaine, Deuxième édition, Préface de Benoît Kabongo, Editions Otung et Baobab, Kinshasa, 2015, 221 p.
Editorial
Mission, géographie et inculturation
Jean-Baptiste Malenge
L’inculturation d’un charisme religieux est bien un fruit mûr d’une œuvre missionnaire réussie. La vie et l’œuvre du cardinal Joseph-Albert Malula, ancien archevêque de Kinshasa, présente des éléments significatifs de l’enracinement de l’évangile. Le présent numéro de la Revue Africaine des Sciences de la Mission souligne par un tel biais la naissance et le déploiement du charisme de l’institut religieux fondé par Joseph Malula et qui s’est profilé en exemple à plusieurs tentatives du même désir de vivre une intuition majeure du concile Vatican II.
Le cardinal Malula a aussi inspiré des théologiens qui doivent lire le concile Vatican II comme un aiguillon de la recherche scientifique qui aide à mieux pratiquer la foi chrétienne. On épingle le sens de la responsabilité et la vertu de l’espérance, deux paradigmes de la vie de Malula susceptibles d’influer sur la pensée théologique.
Engagé sur l’itinéraire de l’enracinement culturel, on se rendra surtout compte que l’histoire n’est pas le seul repère de la réalisation et de l’évaluation de l’activité missionnaire. L’engagement de l’Eglise s’est distribué à travers l’espace. Les populations mesurent facilement la « quantité » du « développement » apporté par la mission.
Dans les études, la géographie de l’implantation missionnaire n’a pas toujours attiré l’attention nécessaire. L’attention appropriée portée au point de vue géographique peut jeter un nouvel éclairage sur les sciences de la mission. Souligner le lien entre l’histoire et la géographie aidera certainement à mieux comprendre le changement des mentalités survenu ou pas dans une ère d’évangélisation.
Les nouveaux aréopages de la mission, très souvent indiqués comme des domaines d’activité, méritent aussi d’être relevés comme des espaces géographiques aux climats et reliefs divers. Si la pastorale de la famille, par exemple, s’est avérée comme un lieu pour la diaconie politique, et si l’activité politique elle-même s’impose comme lieu incontournable de la pastorale et de la pensée de l’Eglise, des questions nouvelles ne cessent d’émerger qui demandent de nouvelles approches.
Le changement des mentalités, autre nom de la conversion, est le point de mire de l’activité missionnaire. C’est une fausse humilité que d’attendre le maître de la moisson pour venir constater le résultat à la fin insondable des temps. L’heure est bien propice pour une évaluation légitime. Une programmation de l’engagement de l’Eglise se justifie ainsi bien à propos. On peut considérer ne serait-ce que les statistiques. Le nombre des baptisés, des prêtres et consacrés autorise aussi la création ou le démembrement des diocèses et des paroisses voire la nomination des pasteurs.
Mais le temps de la mission, combinée à l’aune de la géographie, peut faire poser bien d’autres questions. Comment comprendre, par exemple, les cas de plus en plus fréquents, dans certaines régions, où des populations demandent à se séparer de congrégations religieuses voire de prêtres qui ont duré mais qui, aux yeux de ces populations, n’auront pas été « utiles » pour n’avoir pas apporté le « développement » ?